Le ministre-président et ministre flamand de la Culture Jan Jambon a récemment publié une note explicative du budget de son gouvernement prévoyant, entre autres, un soutien aux projets du secteur culturel évalué à l’aune d’économies dans les subventions accordées. À la lecture plus précise de cette
déclaration et des propositions afférentes, le ministre prévoit de tailler de manière inquiétante dans les subventions accordées au domaine culturel. En effet, il prévoit une baisse de 60 % des subventions aux projets artistiques ponctuels pour l’année 2020, réduisant l’enveloppe de 8,47 à 3,39 millions d’euros. Les subventions de fonctionnement seront quant à elles rabotées de 3 à 6 %!
M. Jambon souhaiterait investir dans «son» canon flamand avec une politique culturelle mettant en exergue le patrimoine au détriment de la création innovante, quitte à créer un horizon culturel s’apparentant à un repli identitaire. Dissocier les institutions culturelles de la création émergente en les mettant en concurrence financière relève d’une forme de conservatisme dangereux pour le développement de toute démocratie. Ces mesures d’économie sont dramatiques. Elles auront inéluctablement un impact fort sur le paysage culturel de la Belgique, notamment en Fédération Wallonie–Bruxelles, ce qui nous oblige à réfléchir dès aujourd’hui aux conséquences. Madame la Ministre, vous avez réagi dans la presse et votre cabinet étudiera l’effet de cette décision budgétaire. Je vous remercie d’ores et déjà pour cette réaction ferme et réfléchie.
Ces mesures annoncées font écho à l’accord de majorité du gouvernement flamand pour la période 2019–2024. Le 15 octobre dernier, Mme De Re vous avait déjà interpellée à propos de celui–ci et en avait relevé certains éléments en contradiction avec le projet d’Ecolo qui prône, d’une part, une société plus juste, plus inclusive, et, d’autre part, visant à maintenir et amplifier la construction du «samen–ensemble». Cet accord est, de surcroît, en décalage complet avec les mesures relatives au tronc, construit avec respect et investissement, qui marie les actions des différents secteurs culturels qui figurent dans la Déclaration de politique communautaire (DPC).
La question du développement des droits culturels et la volonté de construire des politiques permettant les expressions libres, la place des artistes et leurs connexions avec le monde socioculturel sont fortement présentes dans ce texte de notre Fédération. Ce n’est pas un «canon» francophone qui est défendu là, mais l’expression d’une politique culturelle inscrite avec et sur son territoire, respectueuse de la diversité des expressions et des sensibilités. Pour ma part, j’y vois une attitude d’ouverture, y compris à l’égard de nos voisins flamands avec qui nous voulons poursuivre le chemin. Vous aviez également insisté, Madame la Ministre, sur votre désir de maintenir un échange culturel fort entre la Flandre et notre Fédération. Vous
souhaitiez également encourager les projets articulant art et diversité. Notre groupe Ecolo apprécie cette vision de la culture en tant que vecteur d’échanges. Chargée de la Culture en Fédération Wallonie–Bruxelles, comment percevez–vous l’incidence des mesures prise par l’exécutif flamand?
Avez–vous évoqué ce sujet au sein de votre gouvernement? Si oui, quels sont les points de convergence? Avez–vous eu un contact avec votre homologue flamand, M. Jan Jambon, sur les conséquences budgétaires de sa décision? Quelle vision portez–vous sur la coopération actuelle et à construire, sachant que deux visions très différentes se dégagent?
Retrouvez mon intervention ainsi que la réponse de la ministre sur le site du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.