Ma question a pour but de faire le point sur la situation du secteur de la jeunesse dans son ensemble et sur les évolutions connues depuis notre dernier échange à ce sujet. Vous nous avez expliqué qu’un processus poussé de concertation avait été mis en œuvre dès le début de la crise sanitaire et que de multiples rencontres avaient eu lieu avec les différentes organisations représentatives des associations de jeunesse, ce qui est une excellente chose. Je pointais néanmoins dans ma dernière intervention que de nombreuses questions restaient sans réponse et vous me répondiez qu’un travail était en cours à différents sujets et que la concertation se poursuivrait. Pouvez-vous nous faire un retour sur les rencontres tenues entre votre cabinet et les organisations représentatives du secteur? Quels opérateurs avez-vous rencontrés? Quels sujets ont-ils été abordés? Quelles sont les conclusions et décisions qui en sont ressorties?

Au moins deux arrêtés d’exécution étaient en préparation, l’un relatif à l’application assouplie des décrets dans le cadre des renouvellements de reconnaissance et l’autre relatif aux formations d’animateur et de coordinateur de centre de vacances. Ces arrêtés ont-ils été pris? Pouvez-vous nous en détailler les contenus? S’ils n’ont pas encore été pris, quand le seront-ils?

Ma troisième question rejoint celle de mes deux collègues. Un communiqué de presse du gouvernement du 30 avril indiquait que 700 000 euros seraient consacrés aux CRH. Pouvez-vous m’expliquer à quoi correspond ce montant? A-t-il été communiqué par le secteur suite à l’analyse réalisée par votre cabinet? Correspond-il aux besoins exprimés ou est-il inférieur à ceux-ci? Par ailleurs, quels seront les critères d’octroi et de justification de ce soutien d’urgence? Qu’en est-il des autres opérateurs du secteur de la jeunesse? Est-il envisagé, dans un troisième temps, d’ouvrir l’accès à ce soutien aux maisons de jeunes, aux centres d’information des jeunes ou aux organisations de jeunesse?

Par ailleurs, le déconfinement, soit la gestion de la suite de la crise à court et moyen termes, est sans doute l’un des enjeux les plus prégnants du moment. À ce sujet, vous nous informiez que de nouvelles rencontres étaient prévues tant avec les organisations représentatives des associations de jeunesse qu’avec des experts et vos homologues. Le secteur vous a transmis une série de documents reprenant diverses propositions. Les associations de jeunesse étant avant tout des lieux de socialisation des jeunes, elles joueront un rôle important dans le retour à une vie normale pour des jeunes et des familles qui ont particulièrement souffert du confinement et des règles sanitaires. La reprise de leurs activités est donc fondamentale pour la société dans son ensemble. Pouvez-vous faire le point sur les discussions et réflexions qui ont eu lieu lors des différentes rencontres organisées par votre cabinet sur la construction d’une stratégie de déconfinement pour le secteur de la jeunesse? Quelles sont les étapes franchies et quelles seront les prochaines étapes à cet égard? Quelle est la place donnée à la concertation et à la co-construction avec le secteur, meilleur expert de ses propres réalités?

Les opérateurs sont particulièrement en at- tente de savoir comment les vacances d’été pourront être organisées. C’est particulièrement le cas pour les organisations préparant des camps ou des séjours à l’étranger. Elles semblent prêtes à annuler ces événements si la consigne leur est donnée de le faire. Or les consignes formelles tardent à arriver de l’État fédéral, laissant de facto les organisations dans une incertitude angoissante et ne permettant pas d’imaginer des alternatives. Avezvous envisagé d’anticiper la décision du pouvoir fédéral et d’inciter les associations de jeunesse à annuler tout déplacement à l’étranger pendant l’été et d’inviter, dès à présent, les organisateurs à enclencher le processus permettant d’annuler ce qui était prévu et de réorienter les actions dans un contexte plus local? Une telle décision permettrait de réduire l’incertitude en supprimant l’un des scénarios sur lesquels planchent les associations. Elles pourraient alors creuser d’autres pistes plus crédibles. Des solutions alternatives pourraient inclure les CRH qui seraient assurément heureux d’accueillir des jeunes pendant l’été.

Le secteur insiste également sur la nécessaire cohérence des décisions émanant des différents niveaux de pouvoir ou d’autres services desquels il dépend, tels que l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE). Le secteur appelle à un juste équilibre entre l’uniformité des décisions et une relative autonomie des opérateurs qui, dans un cadre sanitaire fixé, doivent être en mesure de s’adapter aux réalités du terrain. Quelle est votre position à ce sujet? Une concertation avec d’autres niveaux de pouvoir et/ou d’autres secteurs est-elle bien à l’œuvre?

Enfin, lorsque l’urgence et lavenir à court terme auront été gérés, je suis convaincu de la nécessité de lancer une réflexion plus large sur les conséquences à moyen et long termes de la crise sanitaire que nous vivons. Cette réflexion globale devra s’intéresser notamment à l’évaluation des effets réels et durables sur les opérateurs agréés et financés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, aux facteurs qui ont permis à certains opérateurs d’être plus résilients que d’autres face à la crise, à la pertinence des mesures prises par le gouvernement pendant la crise ou encore à la manière de faire évoluer le soutien et l’accompagnement des associations par les pouvoirs publics dans les mois et années à venir.

Que pensez-vous de l’idée de mener une réflexion plus globale? Estimez-vous cette réflexion nécessaire et pertinente? Si oui, comment envisagez-vous d’y donner suite? Envisagez-vous de mener un tel travail en intelligente collaboration avec les services de l’administration et de l’inspection, avec les opérateurs ainsi qu’avec d’éventuels experts externes? Avez-vous déjà planché sur cette question? Les associations non agréées et/ou non subventionnées seront-elles intégrées dans une réflexion qui s’est, jusqu’ici, exclusivement concentrée sur les secteurs existants alors même que des centaines d’initiatives sortent des radars des pouvoirs publics malgré le fait qu’elles soient tout aussi indispensables pour notre société ?

 

Retrouvez mon intervention ainsi que la réponse de la ministre sur le site du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.