Face à lurgence, le gouvernement a rapidement réagi en actant notamment le maintien des subventions et des avances de celles-ci, en mettant en œuvre un système de prêt de trésorerie ou encore en créant le fameux fonds durgence, dont nous avons déjà abondamment discuté, à lattention des acteurs les plus vulnérables et dont la survie était menacée. La mise en œuvre de ces mesures prendra du temps, mais les principales décisions qui devaient être prises dans la première phase de confinement lont été. Cest une bonne chose.

Vient ensuite le temps du déconfinement et de la reprise progressive des activités. Nous entrons dans un temps dincertitudes importantes, notamment pour les opérateurs socioculturels. Vous lavez déjà dit, Madame la Ministre: des concertations ont eu lieu et sont encore en cours. On en discutera encore ultérieurement dans notre commission. Il est important de souligner que la variété de laction culturelle et de son organisation, parfois au sein du même secteur, appelle des réponses spécifiques.

Notre groupe est convaincu quil est égale- ment nécessaire dans un troisième temps, de préparer le «jour daprès», celui du redéploiement.  A ce sujet, nous souhaitons des lendemains plus désirables, plus justes et plus résilients. Il faut donc mener une réflexion large et globale sur cette crise et ses conséquences pour notre société dans sa globalité, mais aussi, en ce qui nous concerne, pour les secteurs socioculturels. Il est également important didentifier les associations les plus en danger. On en a sauvé une série aujourdhui, mais elles risquent de rester en danger. Il faut donc leur donner des réponses adaptées à leur cadre spécifique.

À cet égard, de nombreuses questions devront être posées afin de tirer des enseignements de la crise vécue et de rendre notre système plus résilient à lavenir. Ainsi, il me semble important de questionner les raisons qui expliquent que certains secteurs sont plus touchés que dautres ou encore ce qui induit que certaines associations ou certains opérateurs sen sortent mieux que dautres.

Il sera également indispensable dévaluer les mesures prises par les pouvoirs publics à différents niveaux dans le cadre de la crise et de se demander si celles-ci ont été adéquates, notamment au regard des objectifs poursuivis, et justes à légard de lensemble des organisations, en fonction des difficultés quelles ont pu rencontrer. Il conviendra dévaluer les impacts réels et durables de la crise et de notre réponse à celle-ci, tant sur les opérateurs que sur les pouvoirs publics, notamment dans leur capacité à continuer à lavenir à prendre en charge leurs missions. Nous devrons assurer la poursuite des services à la construction dun déploiement des droits culturels.

De plus, il me semble tout aussi indispensable de réfléchir à la manière dont il convient de faire évoluer les relations entre les pouvoirs publics et la société civile, en particulier la société civile organisée, que cela soit dans leurs interactions, notamment la co-construction des politiques publiques, ou dans la manière dont les soutiens des pouvoirs publics se matérialisent. Dans ce cadre, la structure et les fonctionnements de la culture et de ses sous-secteurs en Fédération Wallonie-Bruxelles, qui fonctionnent en silos assez fermés, assez hermétiques, me semblent être également à mettre en perspective.

Enfin, des centaines dassociations aujourdhui non agréées ou non subventionnées de anière structurelle se tournent vers la Fédération Wallonie-Bruxelles en quête de soutien. Ces acteurs passent trop souvent sous les radars des pou- voirs publics, alors quils subissent également la crise de plein fouet et quils contribuent très largement à créer de la diversité dans les actions ayant pour cible les citoyennes et les citoyens de notre pays.

Les effets de la crise que nous vivons se feront sentir encore longtemps, tant pour les opérateurs que pour les pouvoirs publics. Il est indispensable de faire tout ce qui est possible pour sauver les plus vulnérables. Il est également indispensable de réfléchir à la manière dont les pouvoir publics et les opérateurs pourront ne pas sortir  totalement exsangues de cette séquence. Nous devons garantir leurs capacités mutuelles de mener leurs actions, de les redéployer et dinvestir encore demain dans lhumain et dans la culture.

Au regard de lensemble des rencontres sectorielles que vous avez déjà eues ces dernières semaines, je souhaiterais vous demander, Madame la Ministre, où en sont vos travaux au sujet du redéploiement et de la construction du «jour daprès», ce qui dépasse donc très largement la
problématique du déconfinement dont il a été question et dont il sera encore question aujourdhui. en sont vos équipes, ladministration et le gouvernement à ce propos? Sur quelles forces pouvez-vous aujourdhui vous appuyer? Comment les services tels que le Service général de linspection de la culture ou lObservatoire des politiques culturelles (OPC) sont-ils ou seront-ils associés? Enfin, avez-vous établi un travail spécifique transversal pour identifier les ASBL les moins résilientes dans le but de pouvoir leur apporter la réponse la plus adéquate?

 

Retrouvez mon intervention ainsi que la réponse de la ministre sur le site du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.