41% des locataires de logements sociaux en Belgique sont victimes de précarité énergétique. C’est avec ce chiffre tout-à-fait interpellant que la Plateforme de lutte contre la précarité énergétique introduit son dernier rapport qui s’intéresse à l’enjeu de la rénovation des logements sociaux et plus particulièrement à la manière d’impliquer et d’accompagner les locataires de ces logements.

Parallèlement aux coûts énergétiques très importants pour les habitants de logements inadaptés en matière d’isolation et de chauffage, les défis climatiques auxquels nous sommes confrontés imposent aux pouvoirs publics d’apporter des réponses concrètes à cet enjeu de la rénovation du bâti. Ainsi l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments constitue aujourd’hui une priorité, de l’Europe aux régions. Notre Déclaration de Politique Régionale est ambitieuse en la matière et la multitude de projets de rénovation en cours et à venir démontrent une volonté forte d’avancer le plus vite possible. A cet égard, la SLRB faisait mention, dans une récente communication, de 212 projets de rénovation en cours et d’un objectif de 28.812 logements rénovés d’ici 2024.

Outre cette introduction, le rapport consacre quelques pages à la rénovation participative en faisant une synthèse d’une étude réalisée sur le sujet en 2019 et d’interviews. Ces quelques pages sont réparties en 3 volets :

  • Les niveaux de participation des habitants dans les projets de rénovation, de l’information à la co-création. A cet égard, si l’information est une réalité bien présente dans le cadre des projets de rénovation mis en oeuvre au sein des gestionnaires de logements sociaux en Belgique, des niveaux plus poussés de participation sont aujourd’hui beaucoup plus rare. Il apparaît que la rénovation participative est encore nouvelle en Belgique et même embryonnaire pour les sociétés de logement social et que lorsque des projets de rénovation massive se préparent dans les logements sociaux, l’avis des (futur·e·s) locataires est rarement récolté. Ils/Elles sont peu impliqué·e·s dans le projet et souvent démuni·e·s quant à la gestion énergétique de leur nouveau logement ; ils/elles sont par exemple confronté·e·s à de nouveaux équipements qui nécessitent un accompagnement pour être utilisés de façon optimale.
  • L’intérêt de la rénovation participative qui a des effets largement positifs, tant sur les relations entre locataires et gestionnaire, que sur la création d’un sentiment d’appartenance et de communauté ou encore sur l’entretien et le respect des lieux.
  • Les moments de la participation des locataires peuvent varier (avant, pendant et/ou après la rénovation), et chaque étape de participation présente ses caractéristiques, ses avantages et ses inconvénients.

Enfin, sur base de ces constats, les 6 recommandations sont présentées et détaillées :

  • Mettre en place des conditions facilitatrices de la rénovation participative des logements sociaux, notamment via la création de plateformes d’échanges et de collaborations entre les locataires, les parties prenantes et les sociétés de logement. A ce sujet, l’inclusion des locataires dès le début du projet, le renforcement des projets existants et le partage de bonnes pratiques, l’importance d’une communication claire et l’existence de lieux de rencontre physique ou encore la formation adéquate des intervenants sont autant d’éléments qui sont mis en en avant.
  • Accompagner les locataires des logements sociaux dans l’usage des bâtiments rénovés, via la garantie d’une disponibilité des sociétés pour les locataires (fonctions de concierge, d’ambassadeurs ou la visite de binômes technico-sociaux) mais aussi via un accompagnement spécifique à l’usage des équipements nouveaux (ateliers, locataires experts,…).
  • Assurer le financement des initiatives de rénovation participative et d’accompagnement à l’usage de logements rénovés.  A ce sujet, 3 sous-recommandations sont formulées : quantifier le coût des initiatives de rénovation participative et d’accompagnement, mettre en place des mécanismes permettant de réduire les coûts de rénovation et enfin faire appel aux politiques de relance en matière de rénovation des logements sociaux et y intégrer des exigences liées à la rénovation participative et à l’accompagnement des locataires.

Madame la Secrétaire d’Etat, l’enjeu est fondamental tant pour les locataires que pour l’évolution du bâti. Voici mes questions à ce sujet et plus précisément au sujet du rapport de la Plateforme de lutte contre la précarité énergétique et ses recommandations :

  • Les chiffres de la précarité énergétique au sein des locataires sociaux de la Région bruxelloise sont-ils connus? Sont-ils semblables aux chiffres nationaux indiqués dans le rapport ? Des dispositifs spécifiques d’aide des locataires concernés, par les SISP, existent-t-ils? Si oui, lesquels?
  • Concernant les projets de rénovation, pouvez-vous nous détailler le chiffre de 212 projets en cours, notamment en précisant de quels types de rénovation il s’agit et en pointant ceux qui concernent des sites qui resteront habités durant les travaux. Parmi tous ces projets, certains intègrent-ils des principes de participation des locataires? De quelle manière ?
  • Quelle sont votre lecture et votre analyse de ce rapport et de ses recommandations ? Et, en tant que Ministre en charge du Logement et donc du logement social, la rénovation participative du logement social est-elle selon vous une vision de la rénovation qui mérite d’être intégrée dans les projets de rénovation en cours et à venir ? Quelle réponse allez-vous donner à ces recommandations et notamment à celle qui vise à quantifier le coût de la mise en oeuvre de ces processus ainsi qu’à intégrer ces coûts dans les soutiens de la SLRB aux SISP?
  • Quels sont les dispositifs participatifs mis en oeuvre lors de la rénovation qui sont déjà existants au sein de la SLRB et des SISP ? Existe-t-il des démarches d’échanges de bonnes pratiques ou des cahiers de charge intégrant des processus participatifs lors de projets de rénovation ? Plus globalement, par rapport aux recommandations faites, pouvez-vous nous partager une analyse du niveau d’atteinte des recommandations par les acteurs bruxellois du logement social et des objectifs à courts, moyens et long terme en la matière? Enfin, votre cabinet et/ou la SLRB sont-ils en contact avec la Plateforme ainsi qu’avec les initiateurs des expériences similaires menées en France ou en Italie?
  • Aujourd’hui, les besoins en matière de rénovation lourde et l’explosion de la demande de logements sociaux imposent de devoir opérer des chantiers de rénovation sur « sites occupés », soit en présence des locataires. C’est d’ailleurs une pratique déjà observée sur notre territoire. Quelle est votre analyse de cette pratique, quels sont ses avantages et ses inconvénients et comment la SLRB soutient-elle les SISP à cet égard?

 

Retrouvez mon intervention et la réponse de la Secrétaire d’État sur le site du Parlement bruxellois.