En novembre 2022, s’est tenu à Namur un Forum sur la culture durable. Cet événement a réuni de très nombreux participants (professionnels de la culture, éco-conseillers, étudiants….) qui, ensemble et à travers des débats, ateliers et conférences, ont nourri leur réflexion sur les défis que la crise environnementale les amène à affronter. Car pour le secteur culturel, comme pour tous les secteurs d’activité, la transition est devenue une nécessité dont il faut tenir compte dans l’élaboration et l’évolution de tout projet.
Parmi les nombreux secteurs culturels, on constate que le secteur muséal a lui aussi entamé son introspection afin de définir les leviers d’action qui lui permettront d’atténuer son impact environnemental. A cet égard, il faut savoir qu’en France, le bilan carbone du secteur muséal est estimé, par le collectif Les Augures – collectif qui accompagne les acteurs du monde de l’art dans leur transition depuis 2020 -, à 9.000 tonnes de CO2 par an pour un grand musée français, soit l’empreinte annuelle de 800 Français. A ma connaissance, il n’y a pas eu en Belgique d’étude d’impact qui nous révélerait une moyenne d’émission de nos grands musées, mais il est certain que les chiffres nous pousseraient aux mêmes conclusions : nos institutions muséales ont bien un rôle à jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Il nous semble dès lors essentiel que le centre Kanal-Pompidou intègre cette réflexion dans la conception de son projet. La question de l’impact environnemental est transversale et devrait devenir un point de départ dans la mise en place de nombreux éléments du projet. Aujourd’hui de nombreux postes sont identifiés sur lesquels agir pour diminuer un bilan carbone. Dans les postes à impact majeur, il y a bien sûr la question de la consommation énergétique pour chauffer ou climatiser le bâtiment, notamment dans un but de conservation des oeuvres. Ce point est évoqué dans le rapport d’activité 2021 de Kanal dans le chapitre consacré au projet architectural où l’on peut lire : « Tous les espaces de KANAL ne seront pas équivalents en termes de performances climatiques. Des choix ont été opérés, en fonction d’impositions ou de standards internationaux (muséaux), et en fonction des réglementations énergétiques en Région Bruxelloise (PEB) »
Monsieur le Ministre-Président, avez-vous des explications permettant d’éclaircir cette phrase du rapport d’activités ? Quels sont les « choix opérés » dont il est question ?
D’autres points liés à l’activité d’un musée ont des impacts majeurs en terme de bilan carbone. Le plus important se situe dans la mobilité des publics et des oeuvres : l’affluence touristique pèse le plus dans la balance. Un autre point important et souvent oublié est l’offre d’alimentation. Pour rappel, au niveau global, la viande représente 15 % du total de nos émissions de gaz à effet de serre. Il y a enfin le numérique dont la part dans le bilan carbone total augmente de façon importante ces dernières années à travers les équipements informatiques, les applicatifs destinés aux visites virtuelles en ligne, les sites web et les activités de promotion en ligne…
Enfin, à côté de ces impacts majeurs, il y a encore les impacts « mineurs » tels que les équipements, la logistique ou encore la gestion des déchets. Toutes ces dimensions ont et vont avoir des conséquences aussi bien sur la programmation du musée que sur les activités connexes qui seront planifiées au sein du pôle muséal.
C’est pourquoi, Monsieur le Ministre-Président, j’aimerais savoir si vous avez connaissance d’une réflexion sur les impacts environnementaux du projet Kanal ? Si oui, pouvez-vous nous détailler les ambitions et les actions qui seront mises en oeuvre ? Savez-vous s’il est prévu d’engager un·e accompagnateur·rice de la transition ou éco-conseiller·ère dans l’équipe du musée ?
Retrouvez ma question ainsi que la réponse du Ministre-Président ici