La première Maison de l’Adolescence (ou MADO) a été créée en 2009 à Charleroi. Ce projet a par la suite été poursuivi et confirmé sous la forme d’un projet-pilote puis sous la forme d’un Projet Pédagogique Particulier (PPP). C’est en 2019 qu’un cadre réglementaire propre a été arrêté et que d’autres MADO ont pu voir le jour.

L’Arrêté de Gouvernement de 2019 définit comme ceci, en son article 2, la mission des MADO :

1° assurer une réponse centralisée, interdisciplinaire et globale aux difficultés de l’adolescent, de sa famille et de ses familiers en fédérant en un seul lieu différents partenaires spécialisés, en travaillant en réseau et en complémentarité et en garantissant la continuité et la cohérence de l’intervention;

2° développer des actions collectives à l’attention des adolescents, de leurs familles et de leurs familiers ainsi qu’à l’égard des professionnels concernés par les problématiques relatives à l’adolescence au sens du présent arrêté.

Cette mission est menée sur base d’actions de prévention individuelles et collectives à l’attention de jeunes de 11 à 22 ans et qui se réalisent en-dehors de tout mandat, dans le cadre de la libre adhésion du public concerné et de la garantie de l’anonymat, tel que le prévoit le Code de l’Aide à la Jeunesse en ses articles 3 à 5. Par ailleurs, les MADO ont également un rôle important à jouer en matière de création et d’animation d’un réseau de partenaires et de développement et de mise à disposition d’une expertise en matière d’adolescence.

Enfin, l’Arrêté prévoit que les MADO doivent être agréées (4 catégories existent) et que cet agrément donne lieu à des subventions en personnels et en fonctionnement.

Aujourd’hui, ce sont 7 MADO qui sont agréées (2 à Bruxelles, 1 à Liège, Namur, Mons, Luxembourg et Charleroi).

Madame la Ministre, nous savons comme les difficultés rencontrées par les jeunes sont à la fois plurielles et complexes et qu’elles trouvent leurs origines dans des causes extrêmement diverses. Dans ce cadre, la création de ponts entre les secteurs et les acteurs qui s’intéressent et/ou qui concernent de près ou de loin les jeunes sont indispensables. Nous en avons déjà beaucoup discuté ensemble et il est fréquent que l’intersectorialité et le développement d’une vision holistique et systémique des politiques « de jeunesse » vues de manière très large est fréquemment demandé par les professionnels de l’enfance et de la jeunesse. Et il me semble que l’ambition initiale de la création des MADO était au moins en partie de répondre à cet enjeu. Néanmoins, un petit retour dans l’histoire de ces dispositifs met en lumière que le développement de ce nouveau volet sectoriel ne s’est pas fait sans questionnements et critiques, tant sur la forme, et la manière dont le dispositif a été conçu sans réelle concertation, que sur le fonds avec de nombreuses craintes quant à la création d’un nouvel acteur. Ainsi, un article signé par Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ en 20181 est assez illustratif en la matière. Parallèlement, le Conseil Communautaire de l’Aide à la Jeunesse s’est montré assez critique en son avis 176 de février 20192.

Madame la Ministre, 14 ans après la création de la première MADO et 4 ans après la mise en œuvre de l’Arrêté « MADO », il me semble intéressant de faire le point ensemble sur ce dispositif. Voici mes questions :

  • Pouvez-vous dresser un état des lieux des MADO aujourd’hui agréées, notamment en précisant leur niveau d’agrément et en nous donnant des informations relatives aux inspections pédagogiques menées ? A ce sujet, quels sont les critères utilisés et évalués par les services d’inspection, notamment afin d’évaluer la pertinence des actions menées et l’atteinte des objectifs fixés et sur quelles bases le passage d’une catégorie à une autre est-il réalisé ?

  • Plus globalement, que pouvez-vous nous dire du fonctionnement des MADO, tant en matière de respect des missions qui leur sont confiées que d’ancrage dans leurs zones d’actions et de collaboration avec les partenaires potentiels, notamment en réactions aux critiques émises à l’époque par le CCAJ ? Des particularités ou spécificités entre elles méritent-elles d’être mises en lumière et, si oui, lesquelles ?

  • Une évaluation globale du dispositif a-t-elle déjà été réalisée ? Si oui, comment et avec quels résultats ? Si non, une telle évaluation est-elle prévue et de quelle manière sera-t-elle menée ?

  • Estimez-vous, en tant que Ministre en charge de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse accordant énormément d’importance à la transversalité et à l’intersectorialité, que les MADO contribuent adéquatement et suffisamment à cet objectif ? D’autres dispositifs existent-il ou sont-ils à l’étude dans le but de favoriser cela ?

 

Retrouvez ma question ainsi que la réponse de la ministre sur le site du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.