La crise sérieuse qu’a connue le secteur culturel en raison des mesures – nécessaires – qui furent prises pour enrayer la pandémie, ressemble aujourd’hui presque à un mauvais souvenir pour les usagers et usagères culturel·le·s. Ainsi les salles de concert ont relancé une programmation riche, tandis que les festivals nous proposent cette année des affiches alléchantes .

Et pourtant lorsque l’on écoute les opérateurs du secteur musical bruxellois, le tableau n’est pas tout rose, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, c’était attendu, la mise sur pause forcée du secteur de la musique a engendré un report des concerts et par là un embouteillage dans les propositions lorsque les activités ont pu reprendre. Cela se combine à un changement de comportement des usagers et usagères de la culture : alors que le phénomène du no-show prend de l’ampleur, on remarque égaement une plus grande versatilité des spectateur·trice·s qui n’hésitent pas à attendre la dernière minute avant de réserver des places, ce qui peut être problématique pour les finances d’un opérateur. A cela s’ajoute une troisième ombre au tableau, qui a été pointée par plusieurs articles parus1 en avril et en mai : la suroffre engendrée par l’apparition de « nouvelles initiatives ».

Le terme « nouvelles initiatives » désigne en fait les nouveaux festivals bruxellois, dont le nouveau Core Festival, qui s’est tenu dans le parc d’Osseghem fin mai, et l’Atom Festival qui aura lieu fin août. Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close, se réjouit de la venue ce ces nouveaux festivals et les soutient. Mais tout le monde ne partage pas son enthousiasme. En effet les opérateurs, aussi bien organisateurs de festivals et directeurs de salles, dénoncent, eux, un manque de concertation et une offre pléthorique qui pourraient rendre vulnérable le secteur et surtout privilégier les grosses structures au détriment des petits opérateurs qui mettent en avant des nouveaux artistes.

A cela s’ajoutent les futurs investissements que devront consacrer les salles pour un appareillage en renouvellement d’air leur permettant d’être aux normes voulues par l’arrêté royal en projet – celui-ci faisant passer la norme de ventilation des lieux accueillant du public de 900 à 1200 ppm (particules de CO2 par million de particules).

La conclusion de l’article de L’Echo2 touche le coeur du problème : le manque de communication auquel le secteur est confronté ; et vient avec une proposition avancée par le directeur du Volta : la création d’une assemblée des salles de concert à Bruxelles.

Par ailleurs, plusieurs articles évoquent le projet d’une salle de concert de 25 000 places que le bourgmestre de la Ville de Bruxelles appelle de ses vœux pour, dit-il, « faire basculer Bruxelles dans la « première division » ».

Monsieur le Ministre-Président, voici mes questions :

  • Avez-vous pris connaissance de cet article ? Si oui, quelle analyse en avez-vous tirée, tant au sujet de l’exposé de la situation globale, des constats posés, des difficultés identifiées que des pistes de solutions proposées ?

  • Avez-vous déjà réfléchi à une structure propice à une concertation entre les salles de concerts et, si oui, quel est le fruit de cette réflexion et quel serait le rôle de la région à ce sujet ?

  • Avez-vous déjà pris contact avec le bourgmestre de Bruxelles afin de l’associer à la réflexion et de garantir une réflexion élargie à l’ensemble de la région ?

  • Quelle est votre analyse quant à la pertinence de voir apparaître une salle de 25.000 personnes ? Quels risques identifiez-vous ? A ce propos, une concertation politique existe-t-elle, notamment entre la ville de Bruxelles et la Région ?

  • Y a-t-il déjà eu des discussions au sein du gouvernement bruxellois à propos d’un éventuel train d’aides au secteur musical pour faire face aux dépenses à engager en cas de révision des normes de ventilation ?

Retrouvez mon intervention et la réponse du Ministre-Président ici.