« Des tableaux qui peuvent aider des patients atteints de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer à la combattre…


Des notes de musique qui augmentent les chances de survie d’un malade du cancer… »

Ces phrases proviennent de l’introduction d’un reportage et d’un article diffusés le 7 janvier dernier par France Culture et intitulés « Neurosciences : comment l’art nous guérit »1. Outre ces deux affirmations, l’introduction nous apprend également qu’aujourd’hui, à Montréal, les médecins peuvent vous donner une « prescription muséale » si vous souffrez de dépression ou d’autres maladies chroniques, ou encore si vous êtes en soin palliatif. Concrètement, il s’agit d’une ordonnance pour aller visiter un musée accompagné d’un proche ou d’un aide-soignant, soit la matérialisation concrète et réelle de ce que l’on nomme l’art thérapeutique.

L’art thérapeutique est notamment étudié par le neurologue Pierre Lemarquis. Ce dernier précise que les effets thérapeutiques de l’art sont multiples et notamment dus aux réactions physiologiques provoquées par les oeuvres d’art dans nos cerveaux. Ainsi, confronté à une oeuvre d’art, le cerveau humain va libérer des hormones telles que la dopamine (impliquée dans la motricité et qui manque chez les personnes atteintes d’Alzheimer), la sérotonine (que l’on retrouve dans pratiquement tous les antidépresseurs), la morphine endogène ou  encore réduire le taux de cortisol, l’hormone du stress impliquée dans le processus de gestion de la glycémie, qui dysfonctionne chez les personnes diabétiques.

Si les bienfaits de l’art sont connus depuis des millénaires (Aristote déjà a conceptualisé l’effet cathartique de l’art), les travaux des neurosciences les ont confirmé. En témoigne un rapport de l’OMS de 2019, construit sur base de 900 articles scientifiques. Celui-ci répartit les formes d’art en 5 catégories (arts visuels, arts de la scène, culture (musées, festivals,…), arts numériques et littérature) et, pour chacune d’elles, les résultats démontrent des impacts positifs de l’art sur la santé humaine en apportant une aide psychologique, mais aussi physiologique, sociale et comportementale. Or, il apparaît que cette piste médicale est largement sous-exploitée alors que l’OMS préconise de développer l’accès, par exemple, à la musique lors d’opérations chirurgicales, à l’art dans les hôpitaux,…

Madame la Ministre, plus que jamais, les enjeux de la santé et ceux de la culture sont au coeur des préoccupations de nos sociétés. Par ailleurs, la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’importants leviers pour les développer, l’un comme l’autre mais aussi pour contribuer au développement de l’art thérapeutique, qui se trouve à la croisée de ces deux aspects. Dès lors, pouvez-vous dresser un état des lieux des initiatives et dispositifs qui existent au sein de vos compétences eu égard à l’art thérapeutique et à son développement ? Je pense évidemment à vos compétences en matière d’enseignement supérieur, mais également de recherche ou encore celles liées aux hôpitaux universitaires.

Cette thématique fait-elle l’objet d’études et de recherche scientifique en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Avez-vous connaissance de certaines utilisations de l’art comme thérapie dans nos hôpitaux universitaires, que ce soit couramment ou comme projet-pilote ?