Avec le développement du digital ces 20 dernières années et plus largement d’internet, l’industrie pornographique est devenue incontournable dans notre champ social et numérique.

Pour se faire une idée, il suffit de se pencher sur les chiffres du site pornhub.com, premier site internet pornographique mondial qui réunit à lui seul quelques 42 milliards de connexion par an en 2019, soit une moyenne de 115 millions de connexions par jour. Par ailleurs plusieurs analyses révèlent que les confinements liés à la crise auraient eu un impact important sur la croissance de cette industrie.

On parle aujourd’hui de pornographie mainstream, facile à produire et diffuser, plus accessible que jamais. Nous connaissons les risques de son accès aux mineurs mais aussi le manque de régulation qui entoure cette industrie et l’absence de débat de fond sur la place de la pornographie dans notre société.

On sait que le porno mainstream véhicule des stéréotypes de genre, participe à construire des imaginaires sexuels biaisés et favorise l’habituation et la normalisation des violences faites aux femmes. Plusieurs mouvements et réflexions existent pour offrir de nouveaux champs de réflexion à ce sujet. A côté du porno mainstream il existe d’autres visions et méthodes d’habiter les réalisations pornographiques.

C’est le cas du développement du porno alternatif ou éthique. Parfois appelé porno féministe. Il s’agit d’une approche de production et de création qui repose sur le consentement et sur la volonté de ne pas stigmatiser la pornographie mais de la construire sous un volet plus inclusif et respectueux aussi bien des conditions de travail que du droit à l’image ainsi que du respect des personnes prenant part à la production. C’est également avec ce type d’approche qu’il est possible de construire des réalisations pornographiques plus en phase avec une approche de la sexualité libre et respectée.

Le porno alternatif ou éthique ne se limite pas à la production vidéo : il concerne aussi la littérature, la BD ou la production en création sonore. Il pose la question de sa prise en considération dans nos champs culturels et sociétaux. Les tabous gagneraient à tomber et avec le travail que nous construisons dans ce parlement, notre groupe souhaite amener un débat trop longtemps absent de nos discussions. Pour cela, il nous faut connaître et comprendre quelques données factuelles et chiffrées.

Madame la Ministre, il nous paraît important d’instruire cette question avec analyse. Nous souhaiterions donc connaître les éléments utiles à la construction de points de vue sur ce débat  :

Existe-t-il un état des lieux de la place du porno éthique en Fédération Wallonie-Bruxelles?

Des créateurs, associations d’éducation permanentes, collectifs ou sociétés de production et de création soutenus travaillent-ils sur le sujet ?

Existent-ils des opérateurs culturels ou festivals qui élaborent une réflexion à ce sujet ? Des opérateurs de productions audiovisuelle ou de littératures abordant cette question sont-ils soutenus ?

Avez-vous connaissance d’espace de débats ou d’exposition qui traitent de la question ? Si oui dans quels champs de compétences ?

Un dialogue entre autorité publique et parties prenantes du porno éthique existe-t-il ?

Des opérateurs ont-ils manifestés un intérêt à une rencontre avec les administrations ou les autorités gouvernementales pour se faire connaître ?

Enfin, certains pays semblent plus avancés sur la question, je pense notamment à la Suisse où des festivals comme le Fesse-tival du Genève existent et où des maisons de productions poursuivent leurs activités avec une visibilisation dans les médias. A ce titre, nous attirons votre attention sur les deux excellents reportages de Caroline Gillet de « Foule continentale » qui traite du porno éthique en interrogeant directement des personnes qui y travaillent et y voient des espaces d’expression et de développement social intéressants. Ces émissions posent aussi indirectement la question de la place du débat sur le porno dans les médias publiques. Cette question est-elle traitée dans le champs des médias soutenus par la Fédération Wallonie-Bruxelles ?

Selon ces chiffres et données, quelles analyses faites-vous de cette situation ?

 

Retrouvez  ma question et la réponse de la ministre sur le site du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.