J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises, au sein de la Commission Aide à la jeunesse, d’amener le sujet de l’utilisation du pseudo-concept d’aliénation parentale dans la prise en charge de situations de violences intrafamiliales au sein de services de l’Aide à la jeunesse.
Très récemment est sortie une étude intitulée « Aliénation parentale : étude du concept et des pratiques en Belgique francophone ». Cette étude réalisée par Mesdames Anne-Catherine Rasson, Marie Goffaux et Pauline Mailleux sous la promotion de Madame Géraldine Mathieu, a été demandée à l’Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse par votre prédécesseure afin de permettre d’objectiver les débats autour de cette problématique. Il apparaissait en effet que ce concept continue en effet à être utilisé par certain·e·s praticien·ne·s et chercheurs·euses qui le considèrent comme pertinent alors que de nombreuses voix s’élèvent à son encontre.
Nous ne pouvons que saluer cette démarche qui tente d’objectiver la situation dans la mesure où elle permet, outre le fait de mettre à l’agenda politique cette question, d’agir mieux et de manière plus fine.
Après la définition des concepts, la présentation d’une revue de la littérature sur le sujet, et la description de la méthode de recherche et de ses résultats, le rapport de l’étude se conclut par une série de recommandations adressées aux différent·e·s intervenant·e·s dans la prise en charge des violences intrafamiliales, que ce soit dans la sphère judiciaire ou encore celle de l’aide à la jeunesse.
Madame la Ministre, je m’attacherai ici, par les questions suivantes, aux recommandations qui concernant plus spécifiquement l’aide à la jeunesse :
Avez-vous déjà pu prendre connaissance du rapport de cette étude et le cas échéant, quels en sont vos principaux éléments d’analyse ?
Avez-vous pu rencontrer les autrices et le cas échéant, souhaitez-vous exprimer des éléments d’analyse complémentaires, notamment en matière de priorité d’actions qui auraient été exposées verbalement ?
Des suites à cette étude sont-elles d’ores et déjà prévues ? Le cas échéant, quelles sont-elles et avec quels acteurs ? Si non, pour quelles raisons ?
Plus précisément, la recommandation n°4 invite à « développer et diffuser des outils et méthodologies pour détecter les situations de (hauts) conflits à égalité ou de violences/contrôles coercitif » et « des outils, méthodologies et formations permettant de guider les professionnels qui interviennent dans les familles,(…) ». Une telle recommandation induit selon moi que ce type d’outils n’existe pas ou n’est pas suffisamment utilisé au sein de l’aide à la jeunesse. Confirmez-vous cette analyse ou souhaitez-vous apporter des éléments de contexte à ce sujet ?
La recommandation n°9 appelle quant à elle, à une suite et un suivi de ce premier rapport, en lançant elle notamment des pistes pour une série de recherches complémentaires, comme par exemple auprès des familles concernées et, notamment, des enfants, ou des recherches statistique sur les liens entre les conflits aigus de parenté (avec, le cas échéant, la mobilisation du concept d’aliénation parentale) et les violences et contrôles coercitifs. Elle évoque aussi l’idée d’établir un répertoire des initiatives qui existent autour de la détection de la violence et du travail du lien, afin de diffuser les bonnes pratiques, après qu’elles aient été évaluées. Madame la Ministre, que pensez-vous de ces pistes ? Avez-vous prévu de rencontrer des acteurs et actrices de l’aide à la jeunesse pour évaluer ces pistes et lancer une nouvelle étude ?
Retrouvez mon intervention ainsi que la réponse de la ministre sur le site du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.